L'ÉCRITOIRE SÉGALINE

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Foire du livre à Loubressac

Samedi 24 Juillet 2010

Avant, l'été, je faisais les foires à la brocante et les vide-greniers des alentours. Cet été je fais les foires du livre : pas en tant que lectrice, vous l'aurez compris.

Aujourd'hui me voici donc au premier salon du livre organisé par le petit village de Loubressac. Ha, Loubressac, mondialement connu sur le plan cinématographique : c'est en effet ici dans ce petit village pittoresque qu'a été tourné un des chefs-d'oeuvre du 7e art, j'ai nommé « Quelques messieurs trop tranquilles », avec l'inoxydable Jean Lefebvre (pas Frédéric, celui qui fait du comique sans le vouloir et qui est un âne sans le savoir). Comment ? Vous ne vous rappelez pas de cette perle du cinéma, ce joyau de la comédie à la française (avertissement pour les lecteurs au premier degré ceci est du second degré) ?! Mais si voyons souvenez-vous : des hippies, ou babas-cool, appelez-les comme vous voulez de toute façon aujourd'hui plus personne ne sait de quoi il s'agit vraiment, s'installaient dans un petit coin de campagne, Loubressac en l'occurrence, et se mettaient à dos tous les habitants du coin. S'ensuivaient des situations rocambolesques dans lesquelles les indigènes passaient pour de pauvres êtres incultes, retrogrades et demeurés, des ploucs de base, bref encore un film de Parisien !
       Bon il vaudra mieux retenir de Loubressac son très joli panorama et sa situation qui domine plusieurs châteaux.

     C'est ma troisième manifestation de ce genre cette année et je commence à observer les rituels de cette race un peu particulière que sont les écrivains, en l'occurrence ici les écrivains régionaux. Car soyons honnêtes, ce sont ces auteurs-là qui sont prisés dans ces petites manifestations très locales. Ici les lecteurs ne viennent pas chercher le dépaysement dans les livres mais au contraire ils attendent qu'on leur raconte des histoires qui se déroulent sur la place de leur village, au coin de leur rue, voire sur le pas de leur porte et avec des personnages qui ressemblent à leurs lointains ancêtres ou leurs proches voisins. Je ne critique pas, il en faut pour tous les goûts et chacun doit trouver ainsi son public. Personnellement ce n'est pas ma tasse de thé, je trouve qu'on y retrouve trop souvent les mêmes thèmes : la vie rurale, la rude vie des paysans au début du siècle, la Résistance pendant la seconde guerre mondiale, etc... Mais je crois que j'ai déjà parlé de tout ça quelque part. Peu importe. Ce sont donc ces auteurs-là qui sont mis en avant car ce sont eux qui font venir le public, au grand dam des autres écrivains d'ailleurs. Il ne faut pas s'y tromper, il semble régner dans ces réunions une ambiance de franche camaraderie, les différents écrivains se suivant et se retrouvant au fil des salons et autres foires, tout ce petit monde a l'air de se connaître et de parfaitement s'entendre... Erreur, parfois au détour de la conversation d'un petit clan on entend les uns traiter d'un peu haut ces petits écrivains de terroir qui racontent toujours la même chose et dont le public n'est constitué que de vieilles mamies nostalgiques du temps jadis, et on entend les autres traiter d'aussi haut les écrivains plus citadins et qui parfois il faut bien le dire pour certains sont un peu méprisants à l'égard de ceux qui les convient et du public qui vient les voir. Sans parler du mépris qu'ils affichent parfois pour ceux qu'ils se refusent à appeler leurs confrères. Ceci est une autre débat.

     Toujours est-il que moi au milieu de tout ce monde je me sens encore un peu mal à ma place : pas vraiment comme eux puisque je n'écris pas pour mon compte, mais pas complètement différente non plus puisque ce qui nous lie c'est l'écriture. Je crois que là où quand même je ne suis plus trop en phase avec eux c'est...quand je regarde leur moyenne d'âge : du haut de mes 40 ans je suis quand même une jeunette... Et pour ce qui est du public c'est un peu le même constat. La littérature régionale, ou "de terroir", c'est vrai que cela attire davantage les personnes plus âgées qui sont nostalgiques des temps anciens, quant aux jeunes... J'enfoncerai une porte ouverte, que dis-je, béante, en disant qu'ils ne lisent pas. Enfin hormis les SMS...Allez oui je fais ma vieille rabat-joie, et alors ?

     Comme je suis une petite veinarde, cette fois encore je suis bien placée : près de l'entrée, entre deux ouvertures ce qui fait que je bénéficie d'un agréable courant d'air, bienvenu par cette journée de canicule. Et comme d'habitude plein de gens passent et sont très intrigués par mon activité : depuis ce matin j'entends des « Oh, écrivain public, quel métier formidable ! », ou des « Écrivain public, ça existe encore ? Je croyais que ça avait disparu ! », et chacun y va de son « Ha vraiment quel métier tellement utile vous faites » ou « Hé bien il y en a qui auraient bien besoin de vos services, hein ! » (sous entendu « pas moi » bien sûr..). C'est bien joli mais qu'ils n'hésitent pas à me les envoyer ! Ce que je fais a l'air d'intéresser tout le monde mais personne ne semble vraiment prêt à franchir le pas et revenir.

     Que vais-je retirer de cette nouvelle journe de promotion ? Beaucoup de contacts très sympathiques, que ce soit avec des auteurs ou bien avec des lecteurs venus s'approvisionner chez mes voisins (il faut dire que j'étais à côté de la star locale qui a dû faire le plus gros chiffre de la journée), des encouragements qui font du bien de la part des uns comme des autres... Et bien sûr un bon repas en plus de tout ça, que demande le peuple ?!

     Tiens, 17h, c'est l'heure des écrevisses : ces flâneurs, souvent des touristes (les autochtones sont bien trop sensés pour sortir avec une chaleur pareille), qui ont passé leur journée au bord de la piscine et qui en portent quelques stigmates cramoisis et bientôt douloureux...

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